Entre le drame et espoir: Voici comment trouver le bon ton à adopter pour une communication positive et efficace
- Divine KITIO
- 25 mars
- 5 min de lecture

Situation : Une ONG de conservation veut sensibiliser le public sur la disparition progressive d’une espèce animale dans une réserve naturelle (pour le cas échéant nous prenons pour exemple l'éléphant).
Comment formuler le message adapté, positif et efficace pour présenter cette situation?
Forme courante (neutre et informative)
"La population des éléphants dans la réserve X a diminué de 30 % en dix ans en raison du braconnage et de la destruction de leur habitat. Nous travaillons à leur protection en collaboration avec les autorités gouvernementales, des ONG partenaires et les communautés locales."
Forme alarmiste et négative
"Les éléphants de la réserve X sont en train de disparaître totalement sous nos yeux ! Si rien n’est fait immédiatement, ils seront éteints dans quelques années. La lenteur dans la réaction condamne cette espèce déjà à l’oubli !"
Forme positive et engageante
"Les éléphants de la réserve X font face à des défis, mais nous avons encore le pouvoir d’agir. Grâce à des actions de conservation et au soutien des partenaires et des communautés locales, nous pouvons inverser la tendance et assurer un avenir durable à ces magnifiques animaux."
Tu perçois la différence?
La communication est au cœur de l’image et de la réputation d’une organisation. Dans le secteur des ONG plus précisément, où la mission première est d’apporter un changement social, environnemental ou humanitaire, bref, un changement pour la Terre et le bien-être de l’Homme, chaque message diffusé peut avoir un impact considérable sur les cibles et sur les personnes touchées. Il ne s’agit pas seulement d’informer, de partager les informations à chaud, de façon crue et vraie, mais aussi d’inspirer confiance, de mobiliser des ressources et de sensibiliser le public aux causes défendues.
Et c'est là même le cœur de la communication des organisations, notre beau métier. Cependant, dans un monde où l’information circule rapidement et où les émotions jouent un rôle clé dans la perception des messages, certaines communications peuvent parfois prendre un ton alarmant. L’objectif initial – attirer l’attention, mobiliser ou sensibiliser – peut alors se transformer en une perception négative qui envenime la situation, touche gravement la crédibilité de l’ONG et freine l’engagement du public. Sachant que le public dans un contexte d’ONG peut être tellement varié et sensible. D’où l’importance d’une communication positive et responsable. Et d’où la nécessité de choisir les bons mots et le bon ton pour faire passer l’information à partager. Il ne s’agit pas d’édulcorer la réalité, mais de privilégier un ton factuel, équilibré et porteur de solutions.
Dans cet article, nous allons explorer la place du message dans une stratégie de communication, comprendre pourquoi certains discours peuvent nuire à la perception d’une ONG et proposer des approches pour formuler des messages plus justes et impactants sans tomber dans l’exagération ou la dramatisation des situations.
L'importance du message dans une stratégie de communication
Dans toute organisation, et en particulier dans les ONG, la communication ne se limite pas à la transmission d’informations. On dit bien que la communication, c’est un ÉCHANGE d’informations entre deux interlocuteurs : un A qui est le destinateur et un B qui est le destinataire, et vice versa. Elle s’intègre dans une stratégie globale qui vise à influencer positivement les perceptions et les comportements du public cible.
Un message bien formulé doit :
Être clair et compréhensible pour éviter toute interprétation erronée
Refléter fidèlement la réalité sans exagération ni minimisation
Encourager l’engagement en mettant en avant des solutions concrètes
Maintenir la crédibilité et la confiance du public envers l’organisation.
Cela doit bien sûr s’accompagner d’actions concrètes, car il est une chose de partager les informations et une autre chose est de les accompagner d’actions concrètes afin de ne pas se voir coller l’étiquette de faire une "communication mensongère". Lorsque le message devient alarmant, il peut avoir des effets inattendus. Par exemple, dans le domaine humanitaire, des campagnes trop dramatiques peuvent provoquer un phénomène de "fatigue de compassion", où le public se sent impuissant face à la gravité des problèmes soulevés et finit par se désengager, entrant même parfois dans le train de l’habitude, ce qui annule même la compassion : effet inverse !
Prenez le cas de Gaza par exemple ; vous comprendrez tout. Dans le secteur de la conservation, l’alarmisme peut donner l’impression que la cause est déjà perdue, ce qui démotive les actions concrètes des donateurs ou des bailleurs et attire davantage des braconniers, orpailleurs, etc., dans les parcs, car de toutes façons, selon l’effet de votre message, TOUT EST PERDU.
Mais tout n’est pourtant pas perdu. Et c’est risqué de le dire ou de le prétendre
Parmi les principaux risques liés aux messages formulés de façon trop dure et trop venimeuse, on retrouve :
1. La perte de crédibilité : Un message exagéré ou trop dramatique peut être perçu comme manipulateur. À long terme, cela nuit à la réputation de l’ONG et peut entraîner une baisse de confiance de la part des partenaires et du grand public (et autres cibles pertinentes du message qu’on a fait passer).
2. La démobilisation du public : Un discours trop alarmant peut créer un sentiment de fatalisme. Si le public pense que la situation est désespérée, il risque de ne plus voir l’intérêt d’agir ou de soutenir l’organisation. C’est ce dont on a parlé plus haut pour le cas de Gaza par exemple.
3. L'effet de panique ou d’anxiété : Dans des domaines comme la santé ou les crises humanitaires, un ton alarmiste peut provoquer une panique inutile, entraînant des décisions hâtives ou mal informées de la part du public ou des parties prenantes, surtout dans un contexte où la désinformation bat de l’aile. Si une personne ayant mal compris le message partage son opinion de compréhension et la divulgue elle aussi, sachant que de nos jours les gens prennent leurs opinions sur Internet comme réalité, cela peut causer une chaîne totalement terrible.
4. La déformation du message initial : Dans un monde où la désinformation bat de l’aile, partager des messages totalement alarmistes peut créer une chaîne qu'on ferait mieux d'éviter. Vous savez que nous sommes dans le monde des réseaux sociaux actuellement et qu’il y a deux camps parmi les utilisateurs des réseaux sociaux. Il y a le camp de ceux qui affirment leurs opinions et pensent que leur opinion est la vérité, et il y a ceux qui écoutent ceux qui parlent, croyant que ce que ces derniers disent est la vérité. On peut aller jusqu’au troisième camp, celui de ceux qui sont juste là pour écouter les deux premiers camps sans jamais prendre parti. Et dans tout ce cafouillage, on ne doit surtout pas se pardonner d’avoir évité de faire une mauvaise communication, d’où les caractéristiques d’un bon message comme dit plus haut.
Comment faire alors quand « c’est chaud » ?
Eh ben, quand c’est chaud, on privilégie des messages responsables et on s’assume ! Plutôt que d’adopter un ton alarmiste, il est préférable de structurer les messages de manière constructive et inspirante. Voici quelques approches efficaces :
Utiliser des faits et des chiffres vérifiables : Un message basé sur des données concrètes et contextualisées est plus crédible et permet au public de mieux comprendre les enjeux.
Mettre en avant des solutions et des actions concrètes : Montrer ce qui est déjà fait et comment chacun peut contribuer permet d’encourager l’engagement.
Créer une narration inspirante : Les histoires de réussite, même modestes, suscitent plus d’émotion positive et motivent davantage à agir que les récits catastrophistes. La communication dans les ONG repose sur un équilibre délicat entre sensibilisation et responsabilité.
Si l’objectif est de mobiliser et d’attirer l’attention sur des causes importantes, il est essentiel de le faire avec justesse et mesure. Un message alarmant mal maîtrisé peut nuire à la réputation de l’organisation, décourager l’engagement et même provoquer une perte de confiance. Ne surtout pas vouloir faire comme les journalistes avec les gros titres dans la presse. Nous n'avons pas les même objectifs que ceux-ci. Quand eux ils veulent partager les informations à chaud et attirer plus d'audience à leur organe de presse, nous on veut embellir la situation et on se soucie de l'image et réputation de notre ONG.
Comments