Entre elles, beaucoup de querelles : Une réflexion sur la Journée Internationale des Droits des Femmes
- Divine KITIO
- 7 mars
- 3 min de lecture

La Journée Internationale des Droits des Femmes, célébrée chaque 8 mars, est l'occasion de revendiquer l'égalité, la justice et la fin des discriminations dont les femmes sont victimes. Cependant, une question persistante me taraude l’esprit: pourquoi parler de droits des femmes si, avant tout, le respect mutuel ne semble pas être une priorité parmi nous, entre nous les femmes?
Les querelles entre femmes : un frein à l'épanouissement collectif
Il est des vérités qui sont parfois plus amères que celles que l’on cherche à dénoncer en public avec autant d’énergie : l’inégalité, l’iniquité, les violences, etc. . Bien souvent, lorsque l’on parle de solidarité féminine, de féminisme ou de droits des femmes, le discours est empreint d'une forme de conflit interne. Entre elles, beaucoup de querelles subsistent, qui nuisent à leur épanouissement collectif. Pourquoi ? Parce qu’au-delà des combats à mener face aux inégalités sociales, économiques et politiques, un autre combat plus intime demeure : celui du respect mutuel et de l’unité entre les femmes elles même.
Le monde d’aujourd’hui, marqué par une accélération des échanges et une virtualisation de nos relations, nous pousse à confondre opinions personnelles et vérités absolues. Avant le cercle restreint était sa famille nucléaire, ses amis, ses voisins et camarades /collègues de bureaux. Aujourd’hui le cercle restreint est le nombre d’abonnés qu’on a sur notre page ou le nombre d’amis qu’on a sur les réseaux sociaux. Chaque individu, dans son cercle restreint – qu'il soit familial, amical, professionnel ou même virtuel – se voit influencé par des idées qui souvent ne sont pas des vérités universelles, mais des points de vue souvent subjectifs. Et dans cette dynamique, il arrive que les femmes, loin de se soutenir, se déchirent… Hélas !
L’impact des réseaux sociaux sur les relations Entre Elles
Prenons l'exemple des réseaux sociaux, qui sont devenus des espaces de rencontres, d'échanges, mais aussi de tensions. Combien de fois avons-nous vu des femmes se critiquer, s'insulter, voire se lyncher en ligne ? Les causes sont multiples : parfois, il s'agit de rancœurs personnelles, parfois de compétition inutile ou de jalousie, mais aussi de suivisme ou d'effet de mode.
Sur des plateformes comme Facebook, Instagram ou Twitter, les attaques entre femmes se multiplient. Par exemple, lorsqu'une femme publie une photo d’elle, qui ne répond pas aux standards de beauté imposés par la société, elle peut se retrouver envahie de commentaires malveillants, et la plupart des fois rédigés par d’autres femmes (étonnant n’est-ce-pas ?). Des injures, des critiques sur son apparence, parfois même des jugements sur ses choix de vie. Pourquoi cette haine entre femmes ? Ne sommes-nous pas censées nous soutenir, nous élever les unes les autres ?
Le manque d'amour de soi : une explication possible
Un facteur qui explique peut-être ces querelles incessantes est le manque d'amour de soi. En psychologie, il est souvent dit que pour aimer les autres, il faut d'abord apprendre à s’aimer soi-même. Si une femme ne parvient pas à se respecter, à s’accepter telle qu’elle est, comment peut-elle alors offrir ce respect et cet amour à une autre femme ? Peut-être que derrière cette compétition et cette animosité se cache une souffrance profonde, un vide que l’on cherche à combler en rabaissant l’autre. Là n’est même pas le sujet…
Où est donc passée la femme vertueuse ?
Où est passée la femme vertueuse, du proverbe 31 qui incarne la sagesse, l’empathie et le soutien ? Où sont passées ces mères de l'humanité, porteuses de valeurs et de respect, qui ont œuvré pour le bien-être de la communauté ? Et surtout, où en est la femme africaine, pleine de valeurs, de dignité et de respect ? Ces valeurs semblent parfois se perdre dans un monde où l'image, la superficialité et l'individualisme dominent.
En ce 8 mars, alors que nous célébrons la Journée Internationale des Droits des Femmes sous le thème « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », je me questionne : avant de revendiquer nos droits, n'est-il pas essentiel de commencer par nous accorder le droit au respect, à l’harmonie, et à l’unité entre nous ? Ne devrions-nous pas apprendre à nous tenir main dans la main, à soutenir et à valoriser celles qui nous entourent, au lieu de participer à la destruction (verbale et non verbale) mutuelle ?
Si nous aspirons à une société plus juste, à des droits égaux, à l’autonomisation des femmes, il nous faut d’abord bâtir ces fondations solides qu'aucune querelle ne pourra ébranler : le respect. Si nous ne sommes pas capables de tenir notre bouche lorsque nous n’avons rien de valorisant à dire, pourquoi exiger des hommes qu’ils nous respectent ? Le féminisme ne se limite pas à la lutte contre les inégalités hommes-femmes ; il doit aussi inclure la lutte contre l'auto-dénigrement et les querelles inutiles entre femmes. La solidarité commence par la bienveillance envers soi-même et envers les autres.
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